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Topic: Interview du New York Times (Read 4654 times) previous topic - next topic

Interview du New York Times : Traduction

Reply #1
Allez, je me lance :

-les passages en italique étaient en français dans le texte
-les passages notés (ndt) signifient note du traducteur (moi)
bonne lecture.



NIKKI YANOFSKY s'est levée tôt ce jour là. "Mee-ee-ee-ee", chantait-elle, un matin du mois dernier, s'échauffant dans la petite loge d'un studio de télévision de Manhattan. Une maquilleuse se pencha, appliquant quelques touches de dernière minute, puis s'arrêta, regardant le reflet du miroir. «Vous savez comment tout le monde dit, 'Je suis du matin» ou «Je suis du soir ?", demanda Nikki. "Je suis juste une personne." Ses parents, assis de part et d'autre, sourirent.


Mademoiselle Yanofsky, la chanteuse de Jazz-pop de 16 ans originaire de Montreal, était sur le point de se produire sur l'émission "Morning News" de WPIX. C'est l'une des trois apparitions de ce genre qu'elle fit ce jour-là. Avec son petit gabarit, des traits fins et son comportement pétillant, elle semblait encore plus jeune que son âge, mais avait également l'air d'un professionnel chevronné. Elle portait un blazer noir sur un tee-shirt blanc et pantalon en cuir, look sorti de chez Dsquared2, les mêmes designers qui l'avaient glissée dans une robe de cocktail en crêpe de soie rouge pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver de 2010. C'était en nous livrant une version spectaculairement embellie de O Canada (ndt : hymne canadien) qu'elle fut propulsée ce soir-là sur la scène mondiale (Elle était également la voix derrière le thème des Jeux de Vancouver, "I Believe ").


"Nikki" (Decca), son nouvel album, est dans la même veine grandiose. Co-produit par Jesse Harris et Phil Ramone, ayant au compteur non seulement les dernières années Sinatra ou Tony Bennett, mais également des albums à succès de Paul Simon et Billy Joel, cet album est un mélange de standards et de compositions originales dans le style "adult contemporary" (variété ?), mettant particulièrement l'accent sur le talent qu'a mademoiselle Yanofsky d'imiter Ella Fitzgerald. L'album, mélange d'ardente nostalgie et d'ambition éclectique est assez parlant lorsqu'il s'agit des multiples talents de Mademoiselle Yanofsky et souligne tout aussi clairement certaines distinctions subtiles entre la pratique du jazz et sa perception, en particulier lorsque des intérêts commerciaux sont en jeu.

"C'est vraiment un disque de jazz, et c'est ainsi que nous le mettons en avant, mais il y a des éléments de son écriture qui pointent vers une nouvelle direction", a déclaré Christopher Roberts, président du label Decca. "Nous la suivront où qu'elle aille. Nous n'avons dicté aucune feuille de route".

Il a reconnu que son talent précoce trouverait un écho chez un public plus âgée: «Le premier cercle à qui nous nous destinons est un cercle de jazz, puis un public d'adultes plus large, et enfin, en s'appuyant sur ce succès, peut-être toucher un public plus jeune."


Ces jours-ci, quand le jazz vocal a du succès dans le monde de la pop, il y a souvent un fantôme qui rôde derrière : pensez à Michael Bublé reprenant Frank Sinatra, ou Madeleine Peyroux invoquant Billie Holiday, ou même les duos d'outre-tombe de Natalie Cole avec son père, Nat. Dans le cas de Mademoiselle Yanofsky, l'affinité avec Ella Fitzgerald est profonde. Celle-ci est à la base de son succès il y a quatre ans, quand elle faisait les gros titres au Festival International de Jazz de Montréal. C'est aussi la raison pour laquelle elle a pu participer au disque "We All Love Ella" (Verve), une compilation parue en 2007, et c'est également le thème de son premier album "Ella ... Of Thee I Swing" (2008) publié par A440, un label créé par son père, Richard Yanofsky.

Inévitablement, ce fut aussi un sujet de discussion au WPIX, et même la première question posée. Mademoiselle Yanofsky y répondit avec un enthousiasme réfléchi, mais sa prestation resta à l'écart de cette référence. Au lieu de cela, elle interpréta "Over the Rainbow" dans un style suggérant un final de Broadway, aux accents R&B.


"Je ne me considère pas comme une chanteuse de jazz", a déclaré Mademoiselle Yanofsky lors d'un petit-déjeuner avec ses parents, après avoir quitté le studio. "Je me considère simplement comme une chanteuse. Parce que si je ne me considérais que comme une chanteuse de jazz, alors je ne serait pas autorisée à faire toutes ces petites inflexions, choses que je tends à faire naturellement. Ce serait me tirer une balle dans le pied, passer à côté d'autres genres qui pourraient m'aider à grandir en tant qu'artiste. "

Elle cita les éléments de pop et de soul de son album "Nikki" pour appuyer ses dires.

"C'est une question de polyvalence», dit-elle. "Et la chose est, je suis comme ça dans tout. Un jour, je décide que je veux être hippie, le lendemain, je décide que je veux être un rockeur. "

La relation de mademoiselle Yanofsky au jazz est évocatrice et évasive. Elle embrasse son attirail - scat notamment, la prestation de haute voltige sans paroles qui était une spécialité Fitzgerald - avec une fidélité remarquable, comme si elle enfilait un costume ou habitait un rôle. "Nikki" s'ouvre avec une flânerie à travers "Take the 'A' Train", à la mode Fitzgerald. L'album comprend églalement "I Got Rhythm" avec assez de place pour un scat héroïque, et "You'll have to swing it (M. Paganini)", une chanson de Ella Fitzgerald par excellence. Et puis, il y a "First Lady", une chanson originale dont le nom atteste purement et simplement son inspiration : "Je me sens obligée de vous remercier / Chère Ella" (ndt : paroles de la chanson)



"Elle a ses charmes et son cachet, certes  incroyables, mais cachet d'imitation. De plus, elle fait preuve d'une certaine aisance professionnelle sur scène", a déclaré Michael Bourne, l'hôte de "Singers Unlimited" (chanteurs sans limite) sur WBGO-FM, la station de jazz de Newark, qui a fait d'elle sa vedette pour un gala l'année dernière. «J'ai hâte d'entendre la promesse du cachet de Nikki comme elle grandit et se développe dans une artisticité vraiment sincère."


En sous-entendant que le jazz impose une cetaine limitation stylistique, Miss Yanofsky semble en décalage avec les courants contemporains de jazz vocal, une discipline qui n'a cessé d'évoluer vers l'ouverture et la flexibilité.

"Il y avait une période où le chant jazz est vraiment devenu plus conservateur", a déclaré Dominique Eade, un vétéran du domaine. "Mais je sens que cette sensibilité forte et éclairée et créative, venant de jeunes chanteurs d'obédiences diverses, est marquée dans la culture d'aujourd'hui."

Membre de longue date de la faculté au New England Conservatory à Boston, Mme Eade a encadré pas mal nouveaux venus impressionnants, dont Jo Lawry, Sara Serpa et Julie Hardy. La nouvelle esthétique serait le mieux représentée par "In A Dream" (ObliqSound), un album sorti l'année dernière par Gretchen Parlato, qui chante dans un style éveillé, éthéré, et éclairé par les avancées harmoniques du jazz d'après 1960 et les aspects lumineux de la musique brésilienne.

La situation n'était pas si différente il y a 10 ans, quand les chanteurs de jazz de premier plan se répartissaient principalement entre deux camps : les hybrideurs agités, comme Cassandra Wilson, et les classicistes hautement polissés, comme Diana Krall. Cette époque a même eu sa Nikki Yanofsky en Jane Monheit, dont les boucles noires et son comportement sérieux s'accompagne d'un style impeccablement articulé. "Elle chante et agit beaucoup comme une sexy, jeune, et blanche Ella Fitzgerald", écrivait alors David Hajdu à propos de Mme Monheit, dans The New York Times Magazine.

Un changement important au cours de la dernière décennie a été l'arrivée de Norah Jones, chanteuse d'instinct jazz, mais avec un penchant pour le country-folk. Il ne semble guère être une coïncidence que Miss Yanofsky ait écrit la plupart des titres originaux sur son album avec M. Harris, qui a écrit "Don't Know Why", le tube de Norah Jones.


"Quel que soit ce qu'il manque à Nikki en nombre d'années, Elle ne manque pas de confiance et d'enthousiasme", a déclaré M. Harris, ajoutant que leur collaboration (également avec le chanteur et parolier Sexsmith), a produit plusieurs chansons par jour : ballades mélancoliques, comme "For Another Day", et chansons aux parfums Motown, comme "Cool My Heels".


M. Ramone, le producteur, a déclaré qu'il avait encouragé Miss Yanofsky à écrire, comme un moyen d'étendre sa carrière. "Une fois que passée la nouveauté, c'est fini", a-t-il déclaré, à propos de son scat. "Vous avez à courir avec ces chaussures, et cela doit être bon."


Au petit déjeuner, des préoccupations similaires ont été évoquées par ses parents, Richard et Elyssa Yanofsky, qui forment également d'équipe de management à leur fille. "La dernière chose que je veuille être, c'est un stupide animal de foire" dit M. Yanofsky. Claviériste amateur, il a reconnu le talent de sa fille très tôt. "Je savais qu'elle avait l'oreille absolue vers l'âge de 2 ou 3 ans", a-t-il dit.

"Mais alors, nous ne pensions pas à une carrière" ajouta Elyssa.

"Non, bien sûr que non", répondit Richard. C'est absurde." Nikki s'exclama: "Ouais, ils ne m'ont jamais, jamais, jamais poussé, ce qui est incroyable. Ils m'ont juste soutenue. J'ai toujours dit "Je veux être chanteuse, je veux être chanteuse".

Son père ajouta : "Tout cela était tellement organique. Rien n'a été prévu, c'est juste arrivé naturellement. J'avais un groupe de reprises et nous l'avoins emmenée sur quelques concerts."


Pourtant, les débuts de Nikki, à 11 ans - chantant "Respect" d'Aretha Franklin avec ce groupe - a été perçu par ses deux parents comme un déclic. "J'ai dit à Elyssa, «Après ce soir, tout va être différent pour elle» " a déclaré M. Yanofsky.

Peu de temps après, c'est André Ménard, directeur artistique du Festival de Jazz de Montréal, qui a vu Miss Yanofsky jouer avec le groupe de son père dans un club local.

"J'ai entendu cette voix remarquable, et c'était bizarre, presque inquiétant, à entendre ce qu'elle semblait canaliser», se souvient-il. "Elle avait 12 ans, mais avait l'air d'en avoir 9. J'ai donc rencontré ses parents et leur ai dit que nous devrions lui trouver une place pour jouer dans notre programme libre. Et le père a attrapé l'occasion l'occasion. Ils ont monté ce grand spectacle pour elle, dépassant largement le budget. Elle était sur tous les média nationaux cette nuit-là. "


Après le petit déjeuner, il y avait du temps à tuer avant sa prochaine prestation à Midtown 'ndt : quartier de Manhattan), sur "Better", un programme sur le réseau Meredith (ndt : réseau de média), ciblant un public féminin. Miss Yanofsky en profita pour aller en mission afin de trouver des baskets Converse dans une nuance particulière de vert. Après quelques interrogatoires assez persistants de vendeurs parr sa mère, ilsont finalement eu la chance de trouver une paire. Nikki les essaya, envoya une photo sur Twitter et déclara qu'elle les porterait pendant la prestation à venir. Je devrais être sponsorisée par Converse," dit-elle.

Son apparition à "Better", un entretien se voulant simple, s'est bien déroulée. Audra Lowe, l'hôte, n'a même pas mentionné Ella Fitzgerald pendant la première minute et demie, et quand elle le fit, Miss Yanofsky a décoché le parfait équilibre entre déférence et distance.

"Sur les reprises, vous entendez mes influences et vous savez qui m'a inspiré, et puis vous écoutez les chansons originales, lesquelles j'ai toutes co-écrites, et d'une certaine manière vous entendez comment ils m'ont inspiré", a-t-elle dit, répétant une ligne mentionnée plus tôt. "D'une certaine façon, vous apprenez à me connaître à travers ma musique."


Voilà. Certaines tournures ne sont pas idéales, mais j'ai essayé de rester fidèle au texte de départ.


Re : Interview du New York Times

Reply #3
Merci, beau boulot!

Interview du New York Times : les photos

Reply #4
Voici les photos qui accompagnent l'article avec la traduction de leur légende :
Toutes les photos sont de Michael Nagle pour The New York Times.

Nikki Yanofsky, la Canadienne de 16 ans, se produisant à l'émission "Morning News" de WPIX à Manhattan


Avant sa prestation, elle a été légèrement maquillée


Après, elle est allée faire du shopping avec sa maman, Elyssa