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[www.ledevoir.com] Nikki Yanofsky, séparer l’enfant de l’artiste adulte


Nikki Yanofsky, séparer l’enfant de l’artiste adulte

La jeune prodige du jazz montréalais se lance corps et âme dans la pop et le groove avec Little Secret

Ce n’est un secret pour personne : Nikki Yanofsky est à la fois un feu et un hymne à la joie. Entre deux vols, elle prend le téléphone avec des accents si enthousiastes qu’on la croirait en direction d’une plage des Seychelles. Que nenni, elle s’en va à Toronto… et en chantant, pardi ! La jeune diva de 20 ans avait tout de même quelques minutes à accorder au Devoir afin de nous dévoiler en avant-première l’intime de son deuxième opus, Little Secret.
 
« Le processus de fabrication de l’album m’a vraiment forcée à réfléchir sur ce que je voulais dire », répond l’étoile quand on lui demande pourquoi le disque n’est pas sorti à l’automne, comme elle l’avait promis l’été dernier, alors qu’elle donnait un concert au Théâtre du Nouveau Monde. « À ce moment, j’avais déjà fait un long chemin et je ne sais pas pourquoi je l’ai annoncé ainsi, mais il fallait encore remixer, remastériser, se rencontrer pour finaliser tout ça. »
 
Un long chemin ? « Oui, ça fait longtemps que je suis là-dessus ! », se rappelle celle qui a continué de chérir ses premiers grands amours. Sur cet album, la nouvelle Yanofsky épanche un goût métamorphosé pour la pop, sans jamais renier Fitzgerald, Jones, Etta James, Ray Charles, Herbie Hancock et autres maîtres savamment panachés dans sa voix. Comme dans un conte de fées, Nikki admire les plus grands et, comble de bonheur, ils sont aussi dingues d’elle ! La protégée de Quincy Jones est donc assurée de demeurer dans le sillon jazz où elle a grandi.
 
« J’ai rencontré Quincy quand j’avais 14 ans. Déjà, à cet âge, je crois que c’était au Montreux Jazz Festival, j’avais senti que je faisais partie de son équipe », raconte la jeune femme. Le trompettiste insiste chaque fois en parlant d’elle : « She’s got “it” », qu’il traduit par l’« instinct, la technique et le “feeling of the soul”  ». Producteur exécutif avec Rod Temperton de Little Secret, celui qu’on surnomme « Q » a livré avec le temps bon nombre de ses trucs à la petite Nicole. « Les meilleurs qu’il m’ait donnés sont d’être moi-même, d’aimer la musique et de suivre mes convictions. » Ah oui, lesquelles ? « Elles sont tout entières dans cet album », nous répond l’énigmatique brunette.

Convictions et maturité
 
L’oeuvre qu’elle a peaufinée durant deux ans témoigne de l’acquisition d’une maturité véritable. Vocalement, il ne s’agissait pas d’un défi. Rappelons pour la énième fois que la Yanofsky a grimpé sur les planches du Festival international de jazz de Montréal (FIJM) en 2006, à l’âge de 12 ans ! Non, là, elle s’est servie des années d’écriture de son album pour « séparer l’enfant de l’adulte et de l’artiste » qu’elle est maintenant, avec davantage de convictions donc.
 
Est-ce que cela aura pour effet de renouveler son public, dont l’âge est inversement proportionnel au sien ? « Jamais je ne jugerai ceux qui m’aiment. Un public est un public ! », rétorque Nikki en parlant de ses inconditionnels, qu’elle surnomme même ses #niksters (contraction de Nikki et sisters) sur les réseaux sociaux. Si elle ne se rappelle plus les moments de sa vie où elle ne chantait pas, eux risquent de ne pas reconnaître leur prodige après la sortie de l’album.
 
Avec des chansons comme Something New ou Kaboom Pow, l’enfant chérie du jazz se lance corps et âme dans la pop et le groove. Dans Bang — tout comme sur les photos de son nouveau site Web —, la belle a même des relents de celle qu’on a nommée très justement l’« icône du cool » dans les années 1960, Nancy Sinatra. Yanofsky ne rechignerait donc pas du tout si les mains qui l’applaudissent se rajeunissaient un peu. Comble de chance, le FIJM 2014 lui offre le Métropolis plutôt qu’une salle où les gens ne sont qu’assis : « Je suis vraiment excitée à l’idée de faire le Métropolis cet été, c’est ma première fois dans cette salle et je crois que les gens vont pouvoir danser s’ils veulent. Ça va changer ! »

Se compromettre
 
Peu importe l’âge, la jeune Montréalaise confond tout public, grâce notamment aux scats extraordinaires dont elle seule a le secret. Et les autres mystères que laisse planer l’album ? « C’est la première fois que je me compromets vraiment, où je dis en quelque sorte : je crois en ça. » C’est tout ? « Tout le monde a des secrets, je ne peux pas te révéler les miens, [qu’ils demeurent cachés] fait partie de ma personnalité ! »
 
Donc tout va bien dans le meilleur des mondes ? Nikki Yanofsky a le talent, la beauté, l’argent, les voyages… « Je ne peux pas dire qu’il me manque quelque chose, que je ne suis pas heureuse, ce serait vraiment ingrat de ma part, j’ai tout ce que je veux. » Et on l’imagine serrer contre elle Harry, son petit caniche blanc, antidote à la solitude qui va de pair avec les tournées.
 
On lui rappelle en fin d’entrevue les frissons qu’on a eus l’été dernier lorsqu’elle a entamé People Are Strange. Quand on lui demande pourquoi elle ne nous en fait pas davantage des comme ça, qui triturent là où ça fait mal, elle prend une petite pause. Puis, elle nous explique que ce n’était pas très facile d’être une enfant vedette à l’école.
 
Même si elle avait des amis, la jeune prodige se sentait tout de même incomprise, esseulée. Cette chanson des Doors réussit à lui faire extérioriser ces émotions du passé quand elle l’interprète, tellement qu’elle a pensé l’offrir en bonus sur son album. Comme quoi, quand on se débarrasse d’un secret qui pèse lourd, on peut risquer de se hisser encore plus près des étoiles…

source: http://www.ledevoir.com/culture/musique/406959/nikki-yanofsky-separer-l-enfant-de-l-artiste-adulte
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Serge