Skip to main content
Topic: [newton mag] Nikki Yanofsky : le jazz retrouve son âme d’enfant (Read 2310 times) previous topic - next topic

[newton mag] Nikki Yanofsky : le jazz retrouve son âme d’enfant

Interview de Nikki (source newton-mag.com):

Avec son charmant accent anglo-saxon, Nikki, jeune prodige du jazz remarquée en 2010 et ayant déjà parcouru l’Europe en héritière d’Ella Fitzgerald, a en quelques minutes conquis mon cœur de rockeur, bercé par les racines de la black musique depuis que les Clash ont osé un mélange parfait. Enchainant un concert bondé deux jours plus tôt à Paris et journées promo ainsi que sessions acoustiques, la jeune fille, artiste depuis une dizaine d’années, a aujourd’hui 19 ans et s’avère bien déterminée à prouver la force de sa personnalité moderne et passionnée. Avec « Something New », Nikki dévoile plus d’une de ses facettes.

Avec son premier titre empruntant à la fois à la bossa nova, au jazz et à la pop ainsi qu’au groove, elle prouve que ce qui se dégage de sa voix sait aussi refléter toute la fraicheur de son nouvel album. Souriante, enjouée, la naïveté est dans son cas bonne à prendre tant elle apporte un regain de joie dans une journée grisâtre. Avec son groupe elle sillonne les routes et reviendra cet été en Europe. Une constance qu’elle assume pour sa musique et aussi l’attachement sur scène. Nikki fabrique ses mélodies comme elle lie des liens avec les gens, avec spontanéité et simplicité. De quoi rendre cette jeune relève d’Amy Winehouse d’autant plus touchante. Avec délice on découvre cette future Etta James sous la houlette du grand Quincy Jones, qui ajoute avec malice de la bossa-nova dans du jazz, du groove dans la pop.

Est-ce qu’avoir un groupe autour de toi est une importante différence avec le précédent album?
Oui, c’est une stabilité importante qui est apportée avec le groupe. Ils jouent à la fois sur l’album et sur scène avec moi. Cela me permet d’avoir le même son à tous les spectacles. Mon premier album, je l’ai fait à 12 ans. Maintenant j’ai 20 ans et entre temps, j’ai grandi, j’ai aujourd’hui la possibilité d’explorer mon son. Auparavant, je faisais beaucoup de standards. A contrario, ces chansons, sont les miennes, complètement ! C’est mon son, plus jazz, plus contemporain mais toujours avec ces influences. Il y a dans ces titres quelque chose qui rappelle les Big Bands des 60′s, le Skat’, du jazz accessible…

C’était une priorité d’avoir un son plus moderne?
Ce n’est pas tant intentionnel, mais on est en 2014 et j’écoute beaucoup de musiques actuelles, elles m’inspirent comme tout ce qui m’entoure. Et d’ailleurs je pense que je ne peux pas uniquement évoluer dans une musique qui est mienne, je dois aussi puiser ailleurs.

Pour cet album, quelles ont été tes influences?
Ella Fitzgerald est pour moi la meilleure. Beaucoup de chansons sur cet album ont été inspirées par Ray Charles, Etta James, Stevie Wonder, mais aussi des artistes modernes comme Bruno Mars, que j’aime beaucoup même si je reste plus jazzy que lui car il fait beaucoup de Doo Wap. Et bien-sûr également Amy Winehouse. Elle a été d’une grande influence. Dans 20 ans les gens se souviendront d’elle, cette artiste fait loi et on dira bientôt que c’était une légende ! Elle a ouvert la porte pour le jazz, avec du ska, two tone,… Quand tu écoutes Back to black, (elle fredonne, ndlr) ce titre est foncièrement très jazzy avec ses break beats ! Sa musique a ouvert des portes.

Comment es-tu tombée dans la musique?
A 10 ans je faisais beaucoup de petits concerts pour des associations, des ONG et des mariages,…. A 11 ans, le fondateur du festival de jazz de Montréal m’a entendu chanter et même si j’étais plus dans un style très Motown et soul que jazz, il m’a demandé si je voulais ouvrir lors de son festival. Je suis alors retournée chez moi, j’ai tapé dans google « jazz » et j’ai découvert Etta James : j’étais émerveillée. J’ai ensuite chanté devant 1250 personnes…C’était énorme ! J’ai toujours su que je voulais chanter. A l’âge de 6 ans je faisais des shows pour ma famille et je me mettais en colère si personne ne faisait attention à moi.

Tu es très jeune et pourtant ce nouvel album a été produit par Quincy Jones…
C’est véritablement un grand honneur. Pour mon premier album, j’ai eu l’opportunité de travailler avec Phil et avec Quincy, qui sont deux de mes producteurs préférés, donc travailler avec eux était une superbe occasion. Mais Quincy avait plus un rôle de superviseur. Si quelque chose était trop bas ou s’il fallait ajouter telle ligne…il était là pour le signaler. Quincy est bien placé pour comprendre à la fois le monde de la pop et du jazz, d’où l’importance de son point de vue dans ma musique car il a travaillé avec des grands comme Michael Jackson qui tout comme moi voulaient mélanger ces deux mondes-là. Et c’est tout spécialement sur ce point qu’il m’a apporté une grande aide. Je connais Quincy depuis que j’ai 14 ans, on avait une amie en commun. Elle lui a dit qu’elle connaissait une jeune fille qui chantait du jazz. Entre temps, une année passe et on se retrouve au même festival de jazz. Il m’a vue chanter et ma demandé si je faisais quelque chose le vendredi suivant. Je lui ai dit que j’étais libre, et je suis allée jouer au Montreux Jazz Festival avec lui. Depuis cela, la suite logique pour moi était de faire un album avec lui !

Le travail de composition de cet opus fut long?
Oui, très long… Presque quatre années au final. J’ai écrit beaucoup de chansons, jusqu’à une centaine, c’était un long processus. Parfois j’écris a capella et après j’ajoute les cordes mais cela dépend. Il m’arrive de juste commencer avec un titre et d’écrire une chanson autour, ou alors de travailler autour d’une mélodie. Mais je n’ai pas spécialement de rituel de composition. Je suis vraiment instinctive. D’ailleurs quand je fais ça mes amis pensent que je suis bizarre ! Je m’arrête en pleine conversation pour dire « ah ça ! Ca ferait une bon titre ! » et je l’écris. Mais en général je compose surtout les mélodies.

On connait ton nouveau single : Something New, est-ce le titre qui représente le plus l’album?
Oui, Something New c’est vraiment la chanson représentative de l’album, de ce mélange rétro et du son moderne qui s’y associe, mais je pense que toutes les chansons ont quelque chose de différent : si tu aimes le hip hop, le jazz ou la soul, tu aimeras plus telle ou telle chanson. Toutes les chansons que j’ai écrites tentent de construire une sorte de pont entre le rétro et le moderne. « You Mean the world to me »,  lorsque je l’écrivais, je voulais qu’elle sonne comme un vieux standard, et pouvoir ajouter un gros beat sans que personne ne soit surpris. Car parfois quand tu le fais sur une reprise standard, les gens ne comprennent pas alors que là je me laisse aller à faire des choses inhabituelles.

Tes textes sont-ils personnels ?
J’aime les concepts et j’adore quand les chansons racontent une histoire. Parfois je regarde un film et je me dis que c’est bien pour une histoire, ou si j’en ai entendu une ça m’inspire pour une chanson et je l’utilise. L’album me représente en tant qu’artiste et aussi en tant que personne.

Ce disque reflète une ambiance très positive et fraiche, c’est ton parti-pris ?
Merci. Je ne vais pas mentir, il y a des gens qui disent qu’il faut être triste pour être un artiste torturé et que les gens s’identifient. Or, il n’y a rien de mal à être heureux ! J’aime bien savoir que les gens ont besoin parfois de chansons qui les rendent heureux.

As-tu déjà eu des difficultés à cause de ton jeune âge dans ce business ?
Il y a parfois eu des réticences en raison de ma jeunesse dans ce business. Mais je sais que ce n’est pas un travail facile alors je sépare les choses car pour moi, c’est toujours juste une question de musique avant tout.

Qu’as-tu encore à découvrir dans la musique ?
Encore tellement. J’écoute de tout : du rock, du hip hop des choses actuelles. Je suis assez ouverte sur les styles musicaux. Tu peux apprendre de toute chose dans la vie et la musique. C’est ce que je crois. J’aime découvrir à la fois des anciens et des nouveaux groupes.

Ca ne t’es jamais venu à l’idée de monter un girls band comme dans les 60′s ?
Peut-être, en guest alors ! Je préfère rester solo, car c’est bizarre mais par exemple dans mon album j’aime faire mes propres harmonies, choeurs et voix, j’aime être partout !

Nikki Yanofsky, Little Secret, le 19 mai 2014.

Tiphaine DERAISON

source: http://www.newton-mag.com/nikki-yanofsky-jazz-retrouve-ame-denfant/
--
Serge